jeudi 31 décembre 2009
Avec l'UNICEF au Niger
La piste pour rejoindre Atentané, village de la province de Mayahi semble conduire au bout du monde. Dans cette région du Niger, à 600 kms de la capitale, le paysage est inlassablement le même. Des plaines desséchées où les villageois cultivent le mil, principale ressource de ce pays du Sahel. Au bout de 25 kms cahoteux, la délégation de l’Unicef est accueillie en grande pompe par les 2000 habitants et les élus locaux. La joie et l’impatience planent sur cette assemblée colorée, qui inaugure, au milieu de chants et de youyous, le forage financé par Volvic et l’Unicef (100.000€). Adieu le vieux puits ! Vivent les bornes-fontaines propres et cimentées ! Deux vieilles femmes ont mis en scène ce grand changement.
Elles tendent une vieille corde, symbole d’une époque désormais révolue. Au Niger, comme partout en Afrique, la responsabilité de l’eau incombe aux femmes. Elles marchent souvent deux heures par jour pour puiser en moyenne 80 litres d’eau. Ou envoient leurs petites filles. L’installation d’un point d’adduction d’eau au cœur du village allègera leur temps de travail, et -l’Unicef y travaille- permettra aux fillettes d’aller à l’école. Dernier réglage du convertisseur, installé sous les panneaux solaires, et l’eau peut enfin couler. Les femmes, leur bidon en plastique sur la tête, s’attroupent déjà devant la borne-fontaine. Impatientes, certaines villageoises ont rejoint les deux autres arrivées d’eau pour profiter gratuitement des premiers litres. Ensuite, il leur faudra s’acquitter de 5 F CFA pour 20 litres. Le groupement des femmes ont souhaité remercier l'UNICEF : « Les enfants souffrent de fièvre, de diarrhées, de boutons et de malnutrition. Grâce à cette eau, ils iront mieux ». Au Niger, 21% des enfants de 0 à 5 ans sont touchés par une maladie liée à l’eau (choléra, dysenteries, fluoroses, hépatite A, trachomes, ver de Guinée…).
À Tibiri par exemple, l’eau a fait des ravages. À la fin des années 90, l’Etat a creusé un forage au niveau d’une poche fluorée. Cinq mille enfants aux dents rongées par l’excès de fluor souffrent de douleurs atroces et de déformations des bras et des jambes. Depuis 2005, l’ONG Action lutte contre la pauvreté a financé 41 opérations et a créé un centre d’accueil et de soins pour ces jeunes. L’opération Volvic-Unicef 2006 a permis de financer la construction d’ateliers de formation pour ces jeunes. Selon Guido Borghese, du bureau de l’Unicef Niger, « l’eau est le point de départ d’une politique plus large d’assainissement, d’éducation, de nutrition, de mise en place de tutelles génératrices de revenu, sur le long terme. » Tout reste à faire.
mercredi 30 décembre 2009
CAP VERT : Rencontre avec le chanteur Tcheka
REPORTAGE
C’est dans un bar de bric et de broc posé sur la jetée de Ribeira da Barca, petit village de pêcheurs de Santiago, la principale île de l’archipel, que Manuel Lopes Andrade, dit Tcheka, nous reçoit. Avec le roulis des vagues en toile de fond, il nous chante, accompagné de sa guitare, ses compositions préférées. Certaines lui ont valu le prix Découvertes RFI en 2005. Elles parlent d’une vache affublée d’un grain de beauté ou encore d’un pêcheur qui attend désespérément le retour de sa femme immigrée à Lisbonne. Chez lui, l’humour adoucit la sodade, cette mélancolie chantée par Cesaria Evora, locataire de l’île voisine de São Vincente. Élevé à la dure par un père violoniste dans ce port poussiéreux, entouré de montagnes rougeoyantes, Tcheka a une histoire incroyable. Alors que la plupart des jeunes cherchent à quitter leur île, quand ils ne se perdent pas dans les vapeurs du «grog», le rhum local, lui se nourrit du quotidien de son île pour composer. «Je n’ai jamais fait de la musique pour m’évader, mais par passion». À 35 ans, il connaît toutes les musiques capverdiennes, la morna, la coladeira, le batuque, le tabanca, héritages de ses ancêtres esclaves. Sa voix haut perchée, complainte tout droit sortie de la terre aride de Santiago, posée sur des rythmes brésiliens ou africains a séduit en 2000 José Da Silva, le producteur de Cesaria. Avec son troisième album, Lonji (Loin), il a fait le tour du monde pour «propager la richesse musicale» de son île. Qui le rappelle à elle après chaque voyage. «Aucun autre endroit au monde ne me fait autant rêver». On le comprend.
Photo Jesus Martinez Mateo
Texte Caroline DOUTEAU
C’est dans un bar de bric et de broc posé sur la jetée de Ribeira da Barca, petit village de pêcheurs de Santiago, la principale île de l’archipel, que Manuel Lopes Andrade, dit Tcheka, nous reçoit. Avec le roulis des vagues en toile de fond, il nous chante, accompagné de sa guitare, ses compositions préférées. Certaines lui ont valu le prix Découvertes RFI en 2005. Elles parlent d’une vache affublée d’un grain de beauté ou encore d’un pêcheur qui attend désespérément le retour de sa femme immigrée à Lisbonne. Chez lui, l’humour adoucit la sodade, cette mélancolie chantée par Cesaria Evora, locataire de l’île voisine de São Vincente. Élevé à la dure par un père violoniste dans ce port poussiéreux, entouré de montagnes rougeoyantes, Tcheka a une histoire incroyable. Alors que la plupart des jeunes cherchent à quitter leur île, quand ils ne se perdent pas dans les vapeurs du «grog», le rhum local, lui se nourrit du quotidien de son île pour composer. «Je n’ai jamais fait de la musique pour m’évader, mais par passion». À 35 ans, il connaît toutes les musiques capverdiennes, la morna, la coladeira, le batuque, le tabanca, héritages de ses ancêtres esclaves. Sa voix haut perchée, complainte tout droit sortie de la terre aride de Santiago, posée sur des rythmes brésiliens ou africains a séduit en 2000 José Da Silva, le producteur de Cesaria. Avec son troisième album, Lonji (Loin), il a fait le tour du monde pour «propager la richesse musicale» de son île. Qui le rappelle à elle après chaque voyage. «Aucun autre endroit au monde ne me fait autant rêver». On le comprend.
Photo Jesus Martinez Mateo
Texte Caroline DOUTEAU
« J’ai dormi chez les Papous… avec Antoine de Maximy »
Depuis 5 ans, pour J’irai dormir chez vous, Antoine de Maximy fait cavalier seul. Exceptionnellement, il a accepté d’être accompagné. Et pas n’importe où. À 24 heures d’avion de la France, en Papouasie, pour ce qui pourrait être la dernière aventure de la série.
Bali, il voyait ce que ça pouvait donner. La Papouasie, pas du tout. Raison de plus pour y aller… Surtout quand on s’appelle Antoine de Maximy. Dans l’avion pour Wamena, ville centrale de la Papouasie Occidentale, en plein territoire Papou, il n’en mène pas large. Il n’y a pas si longtemps les Papous étaient encore guerre contre l’Indonésie, qui a annexé leur territoire. Pour une fois, il compulse un guide emprunté au seul touriste de l’avion. Heureusement, il apprend que nous devrons nous déclarer aux autorités dans chaque ville que nous visiterons. L’atterrissage à Wamena se fait au milieu des nuages et sous une pluie fine. Première vision ubuesque à la descente : sur le tarmac du minuscule aéroport, un Papou en «tenue» traditionnelle -couronne de plumes et étui pénien- abrité sous un parapluie.
La ville, uniquement accessible en avion, est comme sortie de nulle part dans cette vallée entourée de hautes montagnes, appréciées par les alpinistes et les ornithologues. Nous empruntons un bechak (pousse-pousse local conduit uniquement par des Papous) pour trouver un hôtel à peu près potable. Antoine a besoin d’un lieu sûr pour son matériel. Car ses mini caméras montées sur tige sont des prototypes fabriqués sur mesure! Au centre ville, où s’alignent des boutiques en tôle, la tension entre Indonésiens (la plupart viennent de l’île de Java) et Papous (qui ont le type africain, papou en Malaisien signifie «crêpu») est palpable. Les premiers tiennent tous les commerces, de la banque à l’épicerie. Les seconds, eux, vendent des fruits à pain et des noix de betel –qu’ils chiquent à longueur de temps et qui leur donne un sourire sanguinolant- à même le sol. Antoine tente sa chance au marché pour réaliser ses premières prises. Un marchand de fruits et légumes, un javanais édenté et excité, l’interpelle. Il veut lui faire goûter la fameuse noix. Antoine, amusé, croque dedans. Et la recrache en grimaçant. «C’est dégueulasse!» Pas besoin de traduction, les commerçants ont compris et éclatent de rire. Aucun ne parle anglais. Antoine, lui, n’arrive même pas à prononcer « Terima kasih » -merci en Indonésien- correctement. La discussion n’ira pas bien loin. Il tentera d’autres approches avec de jeunes Papous, mais il y a comme un malaise. Les sourires sont crispés et les regards parfois méchants. «Je ne le sens pas ici. Si on veut réussir à dormir chez quelqu’un, mieux vaut quitter la ville». Mais il faudra attendre le lendemain. Car ses enregistreurs sont tombés en panne. Catastrophe. Sans eux, pas de film. Après des heures de bricolage et de messages envoyés à la production à Paris, Antoine finit par trouver une solution : enregistrer directement sur les disques durs, qui servent habituellement à sauvegarder le contenu des cassettes. Et c’est moi qui serai en charge de les déclencher et les arrêter pendant le reportage!
Sur notre scooter rouge de location, nous voilà engagés sur la route du sud de la vallée de Baliem. Le paysage est assez uniforme. Des champs de carottes, choux et patates douces, d’autres de bananiers. Quelques rizières aussi. Sur la route, nous croisons des bechaks, prévus pour deux personnes, qui transportent femmes, enfants et marchandises. Mais surtout des piétons. Les paysans, pour la plupart pieds nus, vont ou reviennent du marché de Wamena. Les femmes, minuscules et sèches, portent toutes des jupes plissées héritées certainement des missionnaires hollandais qui ont découvert l’île, et dans un filet qu’elle attache sur le sommet du crâne, transportent leur maigre marchandise. Régulièrement, Antoine me laisse sur le bord du chemin pour tourner des séquences, seul sur la moto. Tous les passants s’arrêtent alors pour me saluer. Quelques femmes vont même jusqu’à me serrer dans leurs bras.C’est d’ailleurs avec une jeune Papoue que le contact se fait enfin. Toujours sur la même route, devant des maisons à toits de chaume, un groupe de femmes s’affairent dans une ravine. Curieux, Antoine stoppe la moto. À peine un pied posé par terre, elles partent toutes dans un fou rire en cascade. Les bourdes d’Antoine les amusent encore davantage. Quand elles lui montrent comment gratter les patates douces, les «farok», Antoine répond «Bonjour». Elles repartent de plus belle. Au bout d’un quart d’heure, il peut enfin poser la question cruciale, avec des gestes : « Je peux venir chez vous ? » C’est d’abord non. Mais elle finit par accepter. Julie a 27 ans, elle a trois enfants. C’est une petite bonne femme au visage rond et rieur. Sa ferme est constituée de trois huttes et de deux bâtiments en dur, une cuisine et une porcherie. Nous faisons les présentations dans la cour, à la pelouse bien entretenue.
Matuan, son frère, a ramené un vieux dictionnaire d’anglais et, pour communiquer, nous montre des mots du bout doigt. Malgré tout, la convivialité s’installe. Ce petit homme barbu au regard enfantin dégage une grande gentillesse. Qui se confirmera tout au long de la journée. Quand le soleil tape trop fort, il nous invite à nous entrer dans la hutte des hommes, par une porte de mois d’un mètre de haut, pour nous jouer de la guitare et de la guimbarde. Antoine le filme sans que ça ait l’air de le déranger. Il ne posera d’ailleurs aucune question sur nos intentions. Son neveu Benyamin, étudiant à Wamena, nous a rejoint. Alors que la nuit commence à tomber, à 18 heures, il s’inquiète pour le repas du soir. «Nous voudrions vous préparer un repas spécial Mister ans Miss». Antoine refuse. «Faites comme d’habitude, ne changez rien pour nous.» Selon ses vœux, nous partagerons avec eux, accroupis dans la cour, éclairés par une lampe torche, des patates douces cuites dans la braise. Une chacun. Julie est gênée de ne pouvoir nous offrir une douche, des toilettes et un lit. Pas de problème, nous dormirons au premier étage de la hutte, sur la paille. Notre choix les étonne. Des amis de Benyamin, qui ont apporté leurs guitares, et ses deux grands-mères, qui fument comme des pompiers, nous ont rejoints après le repas. Les Papous sont catholiques et fêtent ce soir-là « l’arrivée » de la Bible sur leurs terres. Les airs qu’ils nous chantent en choeur, des ballades douces et mélodieuses, sont des remerciements au «seigneur». Quelques détails rappellent leurs anciennes pratiques animistes : l’une des grand-mères a six phalanges et le haut des oreilles coupés. En signe de deuil. Après une nuit à lutter contre la chaleur étouffante de la hutte et à essayer de trouver le sommeil entre les ronflements de la mamie, qui a souhaité dormir à nos côtés, et les grognements des cochons, c’est l’heure du départ. «Merci d’être venus chez nous, Mr Antoine and Miss Caroline», nous dira Benyamin, déjà occupé à partir à la messe en famille. Un jour spécial pour eux, mais surtout pour nous. Nous avons dormi chez les Papous.
Texte et photos, Caroline Douteau, février 2009
Bali, il voyait ce que ça pouvait donner. La Papouasie, pas du tout. Raison de plus pour y aller… Surtout quand on s’appelle Antoine de Maximy. Dans l’avion pour Wamena, ville centrale de la Papouasie Occidentale, en plein territoire Papou, il n’en mène pas large. Il n’y a pas si longtemps les Papous étaient encore guerre contre l’Indonésie, qui a annexé leur territoire. Pour une fois, il compulse un guide emprunté au seul touriste de l’avion. Heureusement, il apprend que nous devrons nous déclarer aux autorités dans chaque ville que nous visiterons. L’atterrissage à Wamena se fait au milieu des nuages et sous une pluie fine. Première vision ubuesque à la descente : sur le tarmac du minuscule aéroport, un Papou en «tenue» traditionnelle -couronne de plumes et étui pénien- abrité sous un parapluie.
La ville, uniquement accessible en avion, est comme sortie de nulle part dans cette vallée entourée de hautes montagnes, appréciées par les alpinistes et les ornithologues. Nous empruntons un bechak (pousse-pousse local conduit uniquement par des Papous) pour trouver un hôtel à peu près potable. Antoine a besoin d’un lieu sûr pour son matériel. Car ses mini caméras montées sur tige sont des prototypes fabriqués sur mesure! Au centre ville, où s’alignent des boutiques en tôle, la tension entre Indonésiens (la plupart viennent de l’île de Java) et Papous (qui ont le type africain, papou en Malaisien signifie «crêpu») est palpable. Les premiers tiennent tous les commerces, de la banque à l’épicerie. Les seconds, eux, vendent des fruits à pain et des noix de betel –qu’ils chiquent à longueur de temps et qui leur donne un sourire sanguinolant- à même le sol. Antoine tente sa chance au marché pour réaliser ses premières prises. Un marchand de fruits et légumes, un javanais édenté et excité, l’interpelle. Il veut lui faire goûter la fameuse noix. Antoine, amusé, croque dedans. Et la recrache en grimaçant. «C’est dégueulasse!» Pas besoin de traduction, les commerçants ont compris et éclatent de rire. Aucun ne parle anglais. Antoine, lui, n’arrive même pas à prononcer « Terima kasih » -merci en Indonésien- correctement. La discussion n’ira pas bien loin. Il tentera d’autres approches avec de jeunes Papous, mais il y a comme un malaise. Les sourires sont crispés et les regards parfois méchants. «Je ne le sens pas ici. Si on veut réussir à dormir chez quelqu’un, mieux vaut quitter la ville». Mais il faudra attendre le lendemain. Car ses enregistreurs sont tombés en panne. Catastrophe. Sans eux, pas de film. Après des heures de bricolage et de messages envoyés à la production à Paris, Antoine finit par trouver une solution : enregistrer directement sur les disques durs, qui servent habituellement à sauvegarder le contenu des cassettes. Et c’est moi qui serai en charge de les déclencher et les arrêter pendant le reportage!
Sur notre scooter rouge de location, nous voilà engagés sur la route du sud de la vallée de Baliem. Le paysage est assez uniforme. Des champs de carottes, choux et patates douces, d’autres de bananiers. Quelques rizières aussi. Sur la route, nous croisons des bechaks, prévus pour deux personnes, qui transportent femmes, enfants et marchandises. Mais surtout des piétons. Les paysans, pour la plupart pieds nus, vont ou reviennent du marché de Wamena. Les femmes, minuscules et sèches, portent toutes des jupes plissées héritées certainement des missionnaires hollandais qui ont découvert l’île, et dans un filet qu’elle attache sur le sommet du crâne, transportent leur maigre marchandise. Régulièrement, Antoine me laisse sur le bord du chemin pour tourner des séquences, seul sur la moto. Tous les passants s’arrêtent alors pour me saluer. Quelques femmes vont même jusqu’à me serrer dans leurs bras.C’est d’ailleurs avec une jeune Papoue que le contact se fait enfin. Toujours sur la même route, devant des maisons à toits de chaume, un groupe de femmes s’affairent dans une ravine. Curieux, Antoine stoppe la moto. À peine un pied posé par terre, elles partent toutes dans un fou rire en cascade. Les bourdes d’Antoine les amusent encore davantage. Quand elles lui montrent comment gratter les patates douces, les «farok», Antoine répond «Bonjour». Elles repartent de plus belle. Au bout d’un quart d’heure, il peut enfin poser la question cruciale, avec des gestes : « Je peux venir chez vous ? » C’est d’abord non. Mais elle finit par accepter. Julie a 27 ans, elle a trois enfants. C’est une petite bonne femme au visage rond et rieur. Sa ferme est constituée de trois huttes et de deux bâtiments en dur, une cuisine et une porcherie. Nous faisons les présentations dans la cour, à la pelouse bien entretenue.
Matuan, son frère, a ramené un vieux dictionnaire d’anglais et, pour communiquer, nous montre des mots du bout doigt. Malgré tout, la convivialité s’installe. Ce petit homme barbu au regard enfantin dégage une grande gentillesse. Qui se confirmera tout au long de la journée. Quand le soleil tape trop fort, il nous invite à nous entrer dans la hutte des hommes, par une porte de mois d’un mètre de haut, pour nous jouer de la guitare et de la guimbarde. Antoine le filme sans que ça ait l’air de le déranger. Il ne posera d’ailleurs aucune question sur nos intentions. Son neveu Benyamin, étudiant à Wamena, nous a rejoint. Alors que la nuit commence à tomber, à 18 heures, il s’inquiète pour le repas du soir. «Nous voudrions vous préparer un repas spécial Mister ans Miss». Antoine refuse. «Faites comme d’habitude, ne changez rien pour nous.» Selon ses vœux, nous partagerons avec eux, accroupis dans la cour, éclairés par une lampe torche, des patates douces cuites dans la braise. Une chacun. Julie est gênée de ne pouvoir nous offrir une douche, des toilettes et un lit. Pas de problème, nous dormirons au premier étage de la hutte, sur la paille. Notre choix les étonne. Des amis de Benyamin, qui ont apporté leurs guitares, et ses deux grands-mères, qui fument comme des pompiers, nous ont rejoints après le repas. Les Papous sont catholiques et fêtent ce soir-là « l’arrivée » de la Bible sur leurs terres. Les airs qu’ils nous chantent en choeur, des ballades douces et mélodieuses, sont des remerciements au «seigneur». Quelques détails rappellent leurs anciennes pratiques animistes : l’une des grand-mères a six phalanges et le haut des oreilles coupés. En signe de deuil. Après une nuit à lutter contre la chaleur étouffante de la hutte et à essayer de trouver le sommeil entre les ronflements de la mamie, qui a souhaité dormir à nos côtés, et les grognements des cochons, c’est l’heure du départ. «Merci d’être venus chez nous, Mr Antoine and Miss Caroline», nous dira Benyamin, déjà occupé à partir à la messe en famille. Un jour spécial pour eux, mais surtout pour nous. Nous avons dormi chez les Papous.
Texte et photos, Caroline Douteau, février 2009
REPORTAGE SENEGAL : SAFARI DANS LE PARC NIOKOLO KOBA
http://www.niokolo.com/Safari photo au Sénégal
OISEAUX RARES, ANIMAUX SAUVAGES ET TRIBUS PRÉSERVÉES: LE PARC NATIONAL DU NIOKOLO-KOBA ET LE PAYS BÉDIK SONT LES DEUX PERLES DU SÉNÉGAL ORIENTAL.
Loin des «Antiquaires», ces petits vendeurs à la sauvette de Dakar ou Saly et M‘Bour, sur la Petite Côte, les habitants de Wassadou et des villages des abords du Parc national du Niokolo-Koba, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, sont chaleureux et accueillants. A 9 heures de route de la capitale, la région, agricole (arachide, bananes, maïs) est aussi une réserve incroyable pour la faune de la savane africaine (voir encadré). Impossible de ne pas tomber sous le charme des abords verdoyants du fleuve Gambie. C’est d’ailleurs dans ce cadre idyllique qu’un couple de Français, Chantal et Alain Frange, ont choisi de créer, il y a neuf ans, un campement destiné aux amoureux de l’Afrique. Face aux cases, rudimentaires mais confortables, une famille d’hippopotames prend régulièrement un bain, des babouins et des singes verts crient à tue-tête depuis les fromagers où ils ont élu domicile. Varans, youyous (grosses perruches) et mangoustes sont vos plus proches voisins.
Depuis Wassadou, des excursions dans le parc du Niokolo-Koba, dont l’entrée est située à Dar-Salam, à quelques kilomètres, sont organisées sur un ou deux jours. Un vrai safari vous attend, avec une nuit en bivouac possible au Camp du Lion, point de surveillance des gardes forestiers. Pour plus de confort, l’hôtel gouvernemental de Simenti offre un point de vue magnifique sur le fleuve et sur une grande mare où antilopes, oiseaux, crocodiles et phacochères se regroupent. En empruntant la route de Kédougou, dernière ville avant la Guinée Conakry, il est possible de rejoindre en 4x4 des villages reculés de la savane. Une nuit à Afia, village Peul au pied du Mont Fouta-Djalon, frontière naturelle, marque à jamais: danses avec les enfants, discussions autour du puits et baignade dans la Gambie rythment la visite. Les villages de montagne sont tout aussi agréables, avec une excursion rafraîchissante aux chutes de Dindefelo. Du début à la fin, dépaysement garanti.
Un safari au Niokolo-Koba
Réserve de la biosphère internationale de presque un million d’hectares, le parc a connu son heure de gloire dans les années 50-60. Dupuis en a tiré un Spirou et Fantasio, Le Gri-Gri du Niokolo-Koba et Ursula Andress, Orson Welles l’ont traversé pour le tournage de L’Etoile du Sud. Aujourd’hui, les jeunes de la région veulent lui redonner ses lettres de noblesse. Phacochères, crocodiles, cob de Buffon, cob Deffasa, ourébi (antilopes), babouins, chimpanzés, patas et singes verts, lions et léopards peuplent ses plaines marécageuses. Sans oublier 350 espèces d’oiseaux font le bonheur des ornithologues.
Au pays Bédik
C’est l’une des tribus animistes, moins connue que les Bassaris, qui peuplent le nord des collines guinéennes du Fouta-Djalon. Venus de Guinée au XIIe siècle, ils ne sont plus aujourd’hui que quelques milliers. A Iwol, village perché à 400 mètres d’altitude, les hommes travaillent aux champs tandis que les femmes concoctent un breuvage à base de millet et de feuilles de baobab. Les vieilles femmes ont toujours la parure de leurs ancêtres, qui leur servaient à se distinguer de l’ennemi pendant les guerres.
Texte et photos, Caroline DOUTEAU
Campement de Wassadou: www.niokolo.com
OISEAUX RARES, ANIMAUX SAUVAGES ET TRIBUS PRÉSERVÉES: LE PARC NATIONAL DU NIOKOLO-KOBA ET LE PAYS BÉDIK SONT LES DEUX PERLES DU SÉNÉGAL ORIENTAL.
Loin des «Antiquaires», ces petits vendeurs à la sauvette de Dakar ou Saly et M‘Bour, sur la Petite Côte, les habitants de Wassadou et des villages des abords du Parc national du Niokolo-Koba, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, sont chaleureux et accueillants. A 9 heures de route de la capitale, la région, agricole (arachide, bananes, maïs) est aussi une réserve incroyable pour la faune de la savane africaine (voir encadré). Impossible de ne pas tomber sous le charme des abords verdoyants du fleuve Gambie. C’est d’ailleurs dans ce cadre idyllique qu’un couple de Français, Chantal et Alain Frange, ont choisi de créer, il y a neuf ans, un campement destiné aux amoureux de l’Afrique. Face aux cases, rudimentaires mais confortables, une famille d’hippopotames prend régulièrement un bain, des babouins et des singes verts crient à tue-tête depuis les fromagers où ils ont élu domicile. Varans, youyous (grosses perruches) et mangoustes sont vos plus proches voisins.
Depuis Wassadou, des excursions dans le parc du Niokolo-Koba, dont l’entrée est située à Dar-Salam, à quelques kilomètres, sont organisées sur un ou deux jours. Un vrai safari vous attend, avec une nuit en bivouac possible au Camp du Lion, point de surveillance des gardes forestiers. Pour plus de confort, l’hôtel gouvernemental de Simenti offre un point de vue magnifique sur le fleuve et sur une grande mare où antilopes, oiseaux, crocodiles et phacochères se regroupent. En empruntant la route de Kédougou, dernière ville avant la Guinée Conakry, il est possible de rejoindre en 4x4 des villages reculés de la savane. Une nuit à Afia, village Peul au pied du Mont Fouta-Djalon, frontière naturelle, marque à jamais: danses avec les enfants, discussions autour du puits et baignade dans la Gambie rythment la visite. Les villages de montagne sont tout aussi agréables, avec une excursion rafraîchissante aux chutes de Dindefelo. Du début à la fin, dépaysement garanti.
Un safari au Niokolo-Koba
Réserve de la biosphère internationale de presque un million d’hectares, le parc a connu son heure de gloire dans les années 50-60. Dupuis en a tiré un Spirou et Fantasio, Le Gri-Gri du Niokolo-Koba et Ursula Andress, Orson Welles l’ont traversé pour le tournage de L’Etoile du Sud. Aujourd’hui, les jeunes de la région veulent lui redonner ses lettres de noblesse. Phacochères, crocodiles, cob de Buffon, cob Deffasa, ourébi (antilopes), babouins, chimpanzés, patas et singes verts, lions et léopards peuplent ses plaines marécageuses. Sans oublier 350 espèces d’oiseaux font le bonheur des ornithologues.
Au pays Bédik
C’est l’une des tribus animistes, moins connue que les Bassaris, qui peuplent le nord des collines guinéennes du Fouta-Djalon. Venus de Guinée au XIIe siècle, ils ne sont plus aujourd’hui que quelques milliers. A Iwol, village perché à 400 mètres d’altitude, les hommes travaillent aux champs tandis que les femmes concoctent un breuvage à base de millet et de feuilles de baobab. Les vieilles femmes ont toujours la parure de leurs ancêtres, qui leur servaient à se distinguer de l’ennemi pendant les guerres.
Texte et photos, Caroline DOUTEAU
Campement de Wassadou: www.niokolo.com
mardi 29 décembre 2009
GUADELOUPE : Comptage des cétacés au large de la réserve Cousteau
À l’ouest de la Basse-Terre, la Côte sous le vent est une réserve pour les dauphins, les cachalots et les baleines à bosse (encore chassées à Sainte Lucie, St Vincent et La Dominique). Caroline et Renato Rinaldi, océanographes de l’association Evasion Tropicale, basée à Bouillante, les observent depuis 15 ans. Pour financer leurs recherches, le couple invite les touristes sur le Tzigane VI, leur voilier de 16 mètres, à participer au repérage et l’observation des mammifères.
De janvier à mai, les baleines viennent mettre bas. Il est alors possible de les voir allaiter leurs petits ! Toute l’année, les eaux abritent des cachalots solitaires et des dizaines de sortes de dauphins. La patience, de rigueur, est souvent récompensée. Après 6 heures en mer nous sommes tombés sur un banc de 150 dauphins (des tachetés pantropicaux) et 2 cachalots.
Texte et photos, Caroline DOUTEAU
www.evasiontropicale.org
De janvier à mai, les baleines viennent mettre bas. Il est alors possible de les voir allaiter leurs petits ! Toute l’année, les eaux abritent des cachalots solitaires et des dizaines de sortes de dauphins. La patience, de rigueur, est souvent récompensée. Après 6 heures en mer nous sommes tombés sur un banc de 150 dauphins (des tachetés pantropicaux) et 2 cachalots.
Texte et photos, Caroline DOUTEAU
www.evasiontropicale.org
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