mercredi 30 décembre 2009

CAP VERT : Rencontre avec le chanteur Tcheka

REPORTAGE


C’est dans un bar de bric et de broc posé sur la jetée de Ribeira da Barca, petit village de pêcheurs de Santiago, la principale île de l’archipel, que Manuel Lopes Andrade, dit Tcheka, nous reçoit. Avec le roulis des vagues en toile de fond, il nous chante, accompagné de sa guitare, ses compositions préférées. Certaines lui ont valu le prix Découvertes RFI en 2005. Elles parlent d’une vache affublée d’un grain de beauté ou encore d’un pêcheur qui attend désespérément le retour de sa femme immigrée à Lisbonne. Chez lui, l’humour adoucit la sodade, cette mélancolie chantée par Cesaria Evora, locataire de l’île voisine de São Vincente. Élevé à la dure par un père violoniste dans ce port poussiéreux, entouré de montagnes rougeoyantes, Tcheka a une histoire incroyable. Alors que la plupart des jeunes cherchent à quitter leur île, quand ils ne se perdent pas dans les vapeurs du «grog», le rhum local, lui se nourrit du quotidien de son île pour composer. «Je n’ai jamais fait de la musique pour m’évader, mais par passion». À 35 ans, il connaît toutes les musiques capverdiennes, la morna, la coladeira, le batuque, le tabanca, héritages de ses ancêtres esclaves. Sa voix haut perchée, complainte tout droit sortie de la terre aride de Santiago, posée sur des rythmes brésiliens ou africains a séduit en 2000 José Da Silva, le producteur de Cesaria. Avec son troisième album, Lonji (Loin), il a fait le tour du monde pour «propager la richesse musicale» de son île. Qui le rappelle à elle après chaque voyage. «Aucun autre endroit au monde ne me fait autant rêver». On le comprend.

Photo Jesus Martinez Mateo

Texte Caroline DOUTEAU

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