La piste pour rejoindre Atentané, village de la province de Mayahi semble conduire au bout du monde. Dans cette région du Niger, à 600 kms de la capitale, le paysage est inlassablement le même. Des plaines desséchées où les villageois cultivent le mil, principale ressource de ce pays du Sahel. Au bout de 25 kms cahoteux, la délégation de l’Unicef est accueillie en grande pompe par les 2000 habitants et les élus locaux. La joie et l’impatience planent sur cette assemblée colorée, qui inaugure, au milieu de chants et de youyous, le forage financé par Volvic et l’Unicef (100.000€). Adieu le vieux puits ! Vivent les bornes-fontaines propres et cimentées ! Deux vieilles femmes ont mis en scène ce grand changement.
Elles tendent une vieille corde, symbole d’une époque désormais révolue. Au Niger, comme partout en Afrique, la responsabilité de l’eau incombe aux femmes. Elles marchent souvent deux heures par jour pour puiser en moyenne 80 litres d’eau. Ou envoient leurs petites filles. L’installation d’un point d’adduction d’eau au cœur du village allègera leur temps de travail, et -l’Unicef y travaille- permettra aux fillettes d’aller à l’école. Dernier réglage du convertisseur, installé sous les panneaux solaires, et l’eau peut enfin couler. Les femmes, leur bidon en plastique sur la tête, s’attroupent déjà devant la borne-fontaine. Impatientes, certaines villageoises ont rejoint les deux autres arrivées d’eau pour profiter gratuitement des premiers litres. Ensuite, il leur faudra s’acquitter de 5 F CFA pour 20 litres. Le groupement des femmes ont souhaité remercier l'UNICEF : « Les enfants souffrent de fièvre, de diarrhées, de boutons et de malnutrition. Grâce à cette eau, ils iront mieux ». Au Niger, 21% des enfants de 0 à 5 ans sont touchés par une maladie liée à l’eau (choléra, dysenteries, fluoroses, hépatite A, trachomes, ver de Guinée…).
À Tibiri par exemple, l’eau a fait des ravages. À la fin des années 90, l’Etat a creusé un forage au niveau d’une poche fluorée. Cinq mille enfants aux dents rongées par l’excès de fluor souffrent de douleurs atroces et de déformations des bras et des jambes. Depuis 2005, l’ONG Action lutte contre la pauvreté a financé 41 opérations et a créé un centre d’accueil et de soins pour ces jeunes. L’opération Volvic-Unicef 2006 a permis de financer la construction d’ateliers de formation pour ces jeunes. Selon Guido Borghese, du bureau de l’Unicef Niger, « l’eau est le point de départ d’une politique plus large d’assainissement, d’éducation, de nutrition, de mise en place de tutelles génératrices de revenu, sur le long terme. » Tout reste à faire.
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